
Quelle est l'histoire chapeau panama ?
Envie de percer le mystère du mythique et histoire chapeau panama ? Rien que son nom évoque l’exotisme, l’élégance solaire et l’ambiance moite des villes d’Amérique centrale… On imagine déjà les palmiers, le lin froissé et les cocktails bien tassés.
Mais au fait, ce fameux chapeau… il vient vraiment du Panama ?
Eh bien non, pas du tout.
Derrière ce nom trompeur se cache une histoire étonnante — et une fabrication digne d’un véritable art.
On t’embarque dans les coulisses de ce chef-d’œuvre de paille.
Le chapeau Panama, toute une histoire
Le chapeau de paille panama ? Un chef-d’œuvre de tressage, tout en fibres fines et souples, issu des jeunes pousses de palmier toquilla. Une fois la paille tressée à la main, le tout est moulé, façonné, puis orné d’un gros grain contrasté qui lui donne ce petit supplément d’âme.
Mais attention : quand on parle de « panama », on ne désigne pas une forme, mais une matière. Et là est tout le twist. Le chapeau panama peut prendre mille visages, selon le moule utilisé. Il n’a donc pas une silhouette unique.
Cela dit… dans l’imaginaire collectif, c’est bien la forme fédora qui s’impose. Celle des films de l’âge d’or, du voyageur élégant, des étés à l’ombre du style.
Et si on remonte aux racines ? Avant de devenir l’accessoire fétiche des dandys européens, le panama était avant tout une pièce du quotidien en Équateur, portée par toute la population, y compris — et surtout — par les ouvriers. Un paradoxe charmant : chapeau du peuple devenu icône du chic.
L'histoire chapeau panama jusqu'au début du XXème
Tout commence au XVIe siècle, quand les conquistadors espagnols débarquent sur la côte équatorienne, l’armure rutilante et le front en sueur. Très vite, ils remarquent un détail aussi utile que stylé : les habitants portent des chapeaux de paille ingénieusement conçus pour protéger la nuque et les oreilles des assauts du soleil. Bingo ! Les Espagnols sont séduits.
Un siècle plus tard, au XVIIe, les Européens, jamais à court de relooking, remanient les formes traditionnelles utilisées à Montecristi et Jipijapa. Exit les silhouettes locales, place aux volumes inspirés des fédoras et autres couvre-chefs européens. La fusion est en marche.
À tel point que la noblesse espagnole s’emballe : le roi d’Espagne commande des cargaisons entières pour sa chère épouse. Les botanistes, eux, se penchent sur cette fameuse paille si souple, si résistante… et découvrent qu’elle provient d’un palmier endémique d’Équateur, au nom aussi royal que savant : Carludovica Palmata, en hommage à Charles IV et la reine Ludovica. Bon, pour les 400 mètres de hauteur, on repassera : la légende a un peu enjolivé la chose. Mais il pousse haut, c’est certain, et surtout dans un climat très précis.
C’est au XIXe siècle que tout bascule. Un certain Manuel Alfaro s’installe à Montecristi, monte son propre atelier, cultive ses palmiers et tisse sa stratégie : exporter ces chapeaux via… le Panama, port stratégique en pleine expansion. C’est là que le malentendu naît, mais il fera sa fortune.
Et puis arrive la ruée vers l’or : les aventuriers en quête de fortune traversent l’isthme du Panama, affublés de leur chapeau équatorien — pratique, léger, stylé. Et quand ils racontent leurs exploits, ils vantent les mérites de leur “panama”. Le nom reste. L’histoire est lancée.
Le chapeau panama au XXème siècle
C’est à l’Exposition universelle de Paris, en 1900, que le chapeau entre véritablement dans la lumière. Succès fulgurant, icône instantanée. Mais ironie du sort : l’Équateur n’est même pas invité à l’événement. Résultat ? Le chapeau est exposé… sous l’étiquette Panama. Le malentendu devient nom officiel, gravé dans les esprits.
Peu importe l’erreur géographique, le style, lui, ne trompe pas. Napoléon III s’en coiffe, tout comme le Prince de Galles Edward VII : le panama devient le chapeau des têtes couronnées et des dandys éclairés. L’engouement est lancé, et ne retombera jamais vraiment.
À cette époque, les exportations explosent : Europe, États-Unis, Amérique du Sud, tout le monde veut son chapeau de paille équatorien. Et pendant que la haute société parade, les ouvriers agricoles des champs de sucre et de tabac, eux, l’adoptent aussi. Pratique, léger, protecteur : le panama coche toutes les cases.
Puis arrive le XXe siècle, et avec lui, le grand chantier du canal de Panama. Des milliers d’ouvriers y bossent sous un soleil impitoyable, coiffés — évidemment — de panamas. Cerise sur la paille : lors de sa visite officielle, le président Roosevelt lui-même s’affiche avec ce couvre-chef. La presse immortalise l’instant. Et le monde entier valide le style.

Le Panama, c'est fait comment ?
Récolte de la paille Toquilla
Le palmier toquilla n’est pas du genre à pousser n’importe où. Il lui faut un sol riche, de l’ombre en pagaille, un air humide mais frais — un vrai capricieux botanique. Dans ces conditions bien précises, il prend son temps : trois ans de croissance, rien que ça. Mais à cet âge-là, ses tiges de feuilles peuvent atteindre jusqu’à 6 mètres de long. Pas mal pour un bébé feuille.
Pendant environ un mois, les récoltants — patients et méticuleux — viennent sélectionner les jeunes pousses les plus fines, celles qui donneront les fibres les plus souples et régulières. Et ils ne prennent pas tout : ils laissent les nouvelles feuilles apparaître, pour assurer la suite. De la coupe durable avant l’heure.
La récolte ? Elle se fait par temps sec. L’objectif : que l’humidité s’évapore et que la fibre reste légère, sans surcharge d’eau. Les feuilles sont coupées à la machette (oui, comme dans les films), puis transportées en charrette ou en camion vers les ateliers. Là, le vrai travail peut commencer : celui de la transformation d’une simple feuille en un chef-d’œuvre de style.

Fabrication de la paille Panama

Une fois récoltées, les feuilles ne deviennent pas tout de suite paille à chapeau. Il faut d’abord séparer les membranes — une première fois, puis une seconde, avec soin et précision, pour obtenir ces fines lanières souples que l’on pourra tresser.
Ensuite, place à un traitement de choc : lavage, puis bouillonnage pendant une heure. Oui, monsieur, une heure dans l’eau chaude pour purifier, assouplir, homogénéiser. Après ça, les fibres sont suspendues pour sécher, façon linge délicat. Mais attention, on ne les traite pas toutes de la même manière : une fois sèches, elles sont classées par épaisseur, un travail d’orfèvre qui détermine le grade de qualité. Plus c’est fin, plus c’est rare, plus c’est précieux.
Et le blanchiment, alors ? Là, les méthodes divergent selon les traditions locales.
À Montecristi, on joue la carte alchimiste : les pailles sont enfermées dans un caisson hermétique avec un seau de soufre, pour une journée de fumigation lente. Une technique ancestrale, délicate, presque mystique.
À Cuenca, c’est plus radical : on utilise de la javel. Moins romantique, mais tout aussi efficace.
Tissage de la paille Panama
Le tressage, c’est là que la magie opère. Contrairement au feutre, la paille ne se détend presque pas. Autant dire qu’il est impossible de transformer un cône prévu pour une taille 53 en un chapeau taille 60. Pas de triche possible : il faut tresser à la bonne taille dès le départ. D’où l’usage de moules en bois, tous plus ou moins dodus selon les mensurations finales.
Le tisseur commence au centre de la calotte, pile au sommet, là où naît la fameuse rosace. Et de là, il descend en spirale, tressant à la main, brin par brin, jusqu’à former un cône complet. Un travail d’orfèvre, où chaque geste compte.
Et plus la paille est fine ? Plus c’est long, bien sûr. Mais aussi plus le tressage est serré, souple, quasi textile, et donc plus la qualité grimpe en flèche. Certains cônes sont réalisés en quelques jours, d’autres demandent plus de six mois de travail. Oui, six mois ! Autant dire qu’un véritable panama haut de gamme, c’est presque une œuvre de méditation.




Finition et moulage
du chapeau de paille Panama

Une fois le cône entièrement tressé, on passe à la finition du bord. Ici, pas de colle ni de couture cachée : le surplus de paille est replié et tissé vers le centre, dans un geste circulaire méticuleux. Ce repli crée une bordure fine mais ultra résistante, une vraie signature du savoir-faire. Les derniers excès de matière sont ensuite taillés à la lame de rasoir — oui, à l’ancienne, avec la précision du barbier d’un western spaghetti.
Pour régulariser le tissage, les bords sont soigneusement repassés, souvent à la main. À Montecristi, on pousse même la finition un cran plus loin : on repasse au sulfure, une méthode qui permet de blanchir davantage la paille et d’uniformiser la teinte. C’est du détail, mais du détail qui change tout.
Vient alors l’étape du moulage : le chapeau est formé à chaud sur des moules en bois ou en fonte d’aluminium. On peut lui donner une silhouette fédora, mais aussi des formes plus coloniales, ou même complètement sur mesure. C’est là que le chapeau prend sa personnalité.
Enfin, l’intérieur est habillé avec l’entrée de tête, ce galon de gros grain qui vient fixer la taille définitive. C’est la touche finale, la ceinture invisible qui structure le tout et assure un confort de roi.

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